Le tout dernier et récent prix Nobel d’économie Paul Krugman est aussi un polémiste redoutable, qui, au cours des années 2001-2005 fut un des rares à dire son fait au président Bush à propos de sa politique économique et de l’Irak. Il fut aussi un des rares à prévoir l’explosion de la bulle immobilière et la crise financière qui en découle. Comme il le souligne aujourd’hui « La crise a déclenché d’énormes forces négatives dans l’économie réelle et une récession grave est probable« .
Afin de relancer la machine suite a la grande dépression de 1929, Roosevelt avait longuement tatoné et expérimenté de nombreuses pistes avant de commencer à retrouver une certaine croissance et une certaine redistribution des richesse a partir de 1933 grâce à son New Deal.
Pour Krugman, aujourd’hui la question n’est plus d’encourager l’industrie, l’agriculture intensive ou de grands travaux, mais de créer de l’emploi en rendant la planète plus vivable.
La crise que nous vivons est une chance formidable. Il faut encourager et allouer plus de ressources à l’environnement. 1929 avait donné naissance à l’état providence moderne, 2008 doit donner naissance à l’état ecolo moderne. Le new Deal ecolo !
En ce sens, il anticipe et partage peut-être l’analyse d’Eric Janszen qui prévoyait il y a quelques mois de ça, une bulle des énergies alternatives dans les prochaines années.
Il est vrai que si les matières premières (dont le pétrole fait parti) se cassent la figure depuis quelques mois sur les marchés, dû à une anticipation de la forte récession a venir, il est évident que d’ici quelques mois ou années, la tendance s’inverse et les prix de l’énergie montent à des niveaux inconnus a ce jour.
A cela 3 raisons majeures :
– Le pic pétrolier que l’on dit dernière nous depuis longtemps va finir par se faire sentir. En effet la baisse de pression des grands gisements oblige le pompage, ce qui coute beaucoup plus cher.
– La baisse des prix entraine à terme une baisse de production. L’exploitation de pétrole devenant de plus en plus en difficile, son inertie grandie. La relance ou le ralentissement de la production a un temps de retard de plus en plus important sur les besoins réels. Par exemple, l’exploitation des sables bitumineux en Alberta, Canada (40% des importations US de pétrole) n’est rentable qu’a partir de 80$ le baril (+20$ par rapport a l’an dernier). Ce qui implique que la baisse actuelle risque de voir certains exploitants les plus faibles mettre la clé sous la porte. La relance d’une exploitation intensive sera d’autant plus dure.
– La demande de plus en plus forte en énergie des pays émergents. En effet, la fin de cette crise mondiale verra dans quelques années le retour d’une croissance économique globalisée. Aucune chance pour que l’exploitation des matières première suive un tel monstre que sera devenue une économie globale avide d’énergie.
Une quatrième raison de l’envolée des prix des matières premières peut aussi passer par une période d’hyper inflation suite à une période de forte déflation (qui pourrait débuter par ce qu’il se passe en ce moment sur les matières premières). La planche a billet de nos banques centrales tournant a plein régime en ce moment, l’effet de dilution et donc la perte de valeur de la monnaie papier pourrait à terme entrainer l’économie dans une inflation galopante.
Une hausse des prix de l’énergie entraine un engouement des énergies renouvelables. Le dernier salon de l’automobile de Paris, qui a montré une belle vitrine de voitures propres, est un bel exemple de l’effet pétrole cher.
Le pétrole cher est une opportunité et cette crise une chance de changer beaucoup de choses, même si, comme pour beaucoup d’entre vous sans doute, les prochaines années m’inquiètent.
Il faut espérer que cette baisse soudaine du cours du brut ne nous fasse pas changer de cap sur les énergies propres, car il est plus que probable que dans les mois ou années qui viennent, il remonte aussi vite et bien plus haut.